Comment bien se préparer à l'affichage environnemental réglementaire pour les produits alimentaires ?

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L'expérimentation environnementale à ce jour

En ce début d'année 2022, le gouvernement donne au parlement son "Bilan de l'expérimentation et enseignements". Il offre une synthèse des différents projets proposés par les 18 porteurs de l'expérimentation et présente les diverses propositions et perspectives pour le futur score environnemental. Suite à la dernière réunion rassemblant les participants et les partenaires de l'expérimentation, nous avions pu vous proposer un premier résumé de ce bilan dans notre article "Expérimentation d'affichage environnemental pour les produits alimentaires : Premier bilan". Vous pouvez également accéder aux différents rapports de l'ADEME directement sur leur site. Les réflexions se portent sur la méthodologie de calcul du score environnemental, mais aussi sur le format d'affichage.

En termes de méthodologie, le rapport met en avant l'évaluation basée sur l'Analyse de cycle de Vie et la méthodologie PEF à laquelle devraient s'ajouter certains indicateurs complémentaires dans le but d’intégrer les impacts environnementaux mal ou non mesurés par l'ACV à ce jour tels que la biodiversité. L'accent est également mis sur l'utilisation de données les plus spécifiques possible à un produit.

En termes d'affichage, un consensus ressort sur l'utilisation d'un format simple, agrégé et prescriptif avec par exemple un score alphabétique (de A à E) et colorimétrique. Ce score pourrait être accompagné d'une information plus précise ou bien d'une désagrégation du score en un nombre restreint d'indicateurs complémentaires.

Se préparer à l'affichage environnemental des produits alimentaires

Pour vous permettre de vous préparer à la mise en place de cet affichage, voici quelques conseils :

Identifier vos catégories de produits

Le conseil de l'expérimentation affirme dans son rapport que " La base de données publique Agribalyse peut contribuer au déploiement opérationnel de l’affichage environnemental à court terme, en fournissant à l’ensemble des acteurs des valeurs d’impact environnemental de référence. Cette base de données, gérée par l’ADEME depuis 2010, est d’ores et déjà largement utilisée et s’est montrée être un outil très utile pour la majorité des projets de l’expérimentation."

Il est donc important de commencer par l'identification de la catégorie de vos produits. La base de données Agribalyse, utilisée comme base du score environnemental, regroupe les analyses d'impact par catégorie de produit. Il s'agit des 2 500 catégories de produits de la base de données de référence sur la composition nutritionnelle CIQUAL gérée par l'ANSES. L'identification de cette catégorie vous permettra ensuite d'accéder à l'ACV générique de votre produit et de son impact environnemental. Cette étape vous sera notamment utile pour l'identification des points chauds de votre produit (c'est-à-dire les étapes, process, etc. représentant sa part d'impact la plus forte) et donc vos principaux leviers d'action pour votre démarche d'éco-conception. Vous pouvez d'ores et déjà réaliser cela gratuitement sur Karbon !

Simuler vos scores environnementaux

Le conseil scientifique annonce " Cependant, lorsqu’une donnée privée et plus spécifique est disponible, elle devra être prioritaire."

Ainsi, après l'identification de votre catégorie de produit, vous pourrez modifier la donnée générique dans un outil ACV pour la rendre plus spécifique à votre produit. Cela peut passer par une modification de la recette, du type d'emballage, des distances de transport, etc. Observez alors l'impact de ces modifications sur le score environnemental de votre produit (et même au niveau des 16 indicateurs d'impact de la méthodologie PEF). Vous pouvez ainsi identifier les modifications permettant une réelle évolution du score environnemental de votre produit et donc les actions d'éco-conception qui seront les plus significatives.

Mettre en place vos démarches d'éco-conception

Pour rappel, l'un des deux objectifs cités dans le bilan du gouvernement est d'"Encourager l’écoconception au sein des filières alimentaires, en informant les consommateurs sur l’évolution des modes de production, transformation et distribution vers une meilleure performance environnementale." (le deuxième objectif portant sur l'accompagnement des évolutions de régime alimentaire par l'information et la sensibilisation des consommateurs).

Grâce à la simulation des scores environnementaux de vos produits, mettez en place une démarche d'éco-conception dès à présent. La simulation de vos scores environnementaux vous ayant permis d'identifier vos leviers d'action à fort potentiel de réduction d'impact, vous pouvez déjà identifier des alternatives. Elles pourront notamment concerner le sourcing d'ingrédients, les méthodes d'acheminement, la conception de l'emballage ou encore la maîtrise des pertes et déchets. Vous pouvez alors dès aujourd'hui créer des scénarios d'éco-conception qui utilisent ces alternatives afin de quantifier vos possibles gains environnementaux.

Se préparer aux différents indicateurs complémentaires

L'un des retours majeurs du conseil scientifique est le suivant : " Pour améliorer la prise en compte de certains enjeux, tels que le stockage carbone, la biodiversité ou la toxicité et l’écotoxicité, il est cependant nécessaire d’intégrer au socle ACV les principaux paramètres manquants, via l’ajustement des indicateurs actuels et/ou l’ajout d’indicateurs complémentaires.."

L'utilisation de l'ACV seule, sans une correction par le biais d'indicateurs complémentaires, a donc été exclue et deux scenarii sont aujourd'hui étudiés pour le futur score environnemental. Vous trouverez ci-dessous le scénario B, correspondant au mieux aux recommandations du conseil scientifique.

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Présentation du scénario B de l'ADEME, source : Rapport du gouvernement au parlement, Bilan de l'expérimentation et enseignements

Ce schéma propose l'intégration d'indicateurs complémentaires directement dans le cadre ACV (contrairement au schéma A qui les intègre via un système de bonus-malus). Il est décomposé en plusieurs étapes afin de permettre sa mise en place à court terme, l'objectif final étant le schéma B2. L'intégration des indicateurs complémentaires se fera donc progressivement en débutant par la biodiversité.

Les indicateurs complémentaires qui sont envisagés dans le rapport de l'expérimentation au parlement pour l'évolution de la méthode de calcul du score environnemental sont :

  • La biodiversité à la parcelle dans le but de refléter et donc différencier les pratiques agricoles (bio, conventionnelle, etc. ) ;
  • Le stockage-déstockage du carbone dans les sols ;
  • L'amélioration des indicateurs toxicité (écotoxicité et toxicité humaine). Cela englobe la prise en compte de l'impact des pesticides sur la santé et l'environnement ;
  • L'impact des emballages plastiques, jugés comme favorisés par rapport aux autres matériaux. Il s'agirait d'un facteur correctif ;
  • La pression sur les ressources biotiques / halieutiques (pêches en particulier) qui n’est aujourd'hui pas prise en compte dans la méthodologie PEF.

Même si l'on ne connaît pas encore le poids qu'auront ces différents indicateurs dans le score réglementaire, ils ont suscité l'intérêt du conseil scientifique et auront donc très probablement un rôle à jouer dans le calcul du score environnemental. C'est pourquoi il est dans votre intérêt d'avoir ces thématiques en tête notamment pour la mise en place de votre démarche d'éco-conception.

Suivre les avancées de l'affichage

Restez informés des évolutions politiques et des annonces de l'ADEME et du ministère. Vous pouvez notamment accéder à ces informations sur le site de l'ADEME, mais aussi sur notre blog où nous relayons au maximum les différentes évolutions de ce projet d'affichage. Vous pouvez nous rejoindre sur LinkedIn ou vous inscrire à notre newsletter pour être informé de la parution d'un nouvel article !

Comme le résume Vincent Collomb, Expert évaluation environnementale (ACV) à l'ADEME, et en charge de l'expérimentation dans la revue The Conversation :

“Au-delà des aspects techniques et calculatoires, ces travaux ont mobilisé largement les professionnels et ONG et permis de questionner la notion de « performance environnementale » dans le secteur alimentaire. Les discussions ont été riches, parfois sensibles, soulevant des questions de transparence, d’accès aux données et d’objectivation des allégations environnementales existantes. Nul doute que le débat va se poursuivre, à l’échelle européenne notamment où les travaux français sont regardés avec attention.”

Crédit photo: MAXPPP